À table

3 novembre 2020

Victoire Loup nous montre comment mettre cuisine et entraide au menu!

Retour à l’essentiel

En cette année de bouleversements planétaires, être chez soi a pris une importance cruciale. Confinés dans nos demeures, nous avons dû revenir à l’essentiel: rester en bonne santé, manger, survivre… La cuisine est devenue notre refuge quand la convivialité était chassée de ses lieux privilégiés – bistrots, cafés ou restaurants qui eux, ont dû se réinventer. Nous avons tous réalisé ce que les plus démunis savent trop bien: rien n’est plus vital qu’un bon repas! Face à ce défi, l’auteure Victoire Loup a eu une idée géniale: rassembler les recettes que 60 chefs cuisinent chez eux dans le livre À LA MAISON ; de plus, tous les bénéfices sont redistribués à Ernest, une association caritative d’aide alimentaire. Découvrez deux recettes savoureuses tirées de ce livre – la Tarte pommes camembert et la Mousse tout chocolat – et ajoutez-les à vos favoris!

Entretien

Dites-nous en quelques mots, pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore : qui est Victoire Loup?

Je suis une journaliste et consultante culinaire, mais avant tout une passionnée de cuisine et sa capacité à réunir les individus — c’est un langage universel qui nous rapproche malgré les distances, les différends, les différences…

Vous avez réuni vos passions en créant In The Loup, votre agence de consulting culinaire, en 2015. Avez-vous toujours eu un esprit entrepreneurial, ou est-ce que l’Amérique vous a influencée dans ce sens?

J’ai toujours eu l’esprit entrepreneurial, mais les États-Unis m’ont permis de sauter le pas, ce que je n’aurais peut-être pas osé faire en France. Mais je reste toujours très attachée à l’Europe et je partage ma vie entre les deux continents, les deux fuseaux horaires.

Longeant la Baie des Anges à Nice, le Quai des États-Unis bordé de palmiers. En arrière-plan le château de Nice.

Vous venez de publier votre premier livre, en pleine pandémie et comme un geste solidaire face à cette crise. Parlez-nous de cette aventure… et de votre collaboration avec Human Humans.

Je travaille exclusivement avec des chefs et des projets culinaires donc tout a évidemment été mis en pause au mois de mars 2020. Je souhaitais venir en aide à une association caritative, et en même temps je voyais tous les chefs cuisiner chez eux via les réseaux sociaux… J’étais en France et j’ai proposé ce projet à la fantastique équipe de Human Humans, ils ont répondu oui en moins d’une heure — deux mois plus tard, ils avaient édité ce livre ! Un record dans le monde de l’édition.

Comment s’est fait le partenariat avec l’association Ernest? 

C’est une association que j’admire énormément, tenue par des femmes jeunes et énergiques. Une association petite, à taille humaine, on sait où vont les dons et à quoi cela va servir: soutenir des familles en situation difficile. Mais aussi, c’est une association avec qui travaillent de nombreux chefs que je connais, qui depuis plusieurs années les aident avec le principe du « pourmanger ».

Comment les grands chefs français ont-ils été choisis pour le livre? 

Une volonté de diversifier les profils, des hommes et des femmes, les villes et la campagne, des étoilés et des étoiles montantes… Tous ont répondu présent immédiatement, sauf deux qui étaient débordés. J’étais touchée, presque surprise, par autant de soutien et d’enthousiasme.

Création de Marion Goettlé du Café Mirabelle et Louise Poncet lors du festival CHEFFES!

Le secteur culinaire a été durement frappé cette année… Mais le besoin et la joie de cuisiner chez soi en semblent d’autant plus prioritaires. Le confinement vous a-t-il aussi incitée à réaligner vos priorités?

Oui, sur un plan personnel le Covid m’a énormément rapprochée de mes racines françaises. D’un point de vue professionnel, j’essaie de soutenir au maximum les chefs et producteurs indépendants, tout en cuisinant énormément à la maison.

Cours de fabrication de macarons avec des chefs cuisiniers lors d’un éductour à l’Atelier Lenôtre, au Pavillon Elysée à Paris.

Malgré la mode des cuisines ethniques, la gastronomie française conserve une place de choix chez bien des gourmets, notamment aux É.-U. Comment expliquez-vous cela?  

Aux États-Unis, la France fait rêver, donc dîner dans un bistrot français est parfois le meilleur moyen de s’en rapprocher — surtout en ce moment où les connexions aériennes sont fermées.

Intérieur du restaurant Chez Julien/Salade servie au Mini Palais, restaurant du Grand Palais situé à deux pas de l’avenue des Champs-Elysées.

En plus d’apprécier notre héritage gastronomique, vivre en Amérique du Nord nous apprend à transformer les défis en opportunités… Quel est votre plus grand challenge (ou rêve) actuel? 

Me spécialiser de plus en plus dans la direction de cuisine engagée, et mettre en lumière tous ces profils qui rendent le monde meilleur grâce à leurs assiettes.

Cuisinier en train de préparer la fameuse omelette de la Mère Poulard, au Mont Saint-Michel.

Auteur: Corinne Cécilia
Photographe:

© Victor Picon (portrait de Victoire Loup, livre et mousse au chocolat) - Atout France/Robert Palomba (Nice) - fournie par Ernest (logo) - Puxan (création CHEFFES) - Atout France/JM Cras (Chez Julien) - Atout France/Cédric Helsly (Atelier Lenôtre, Mini Palais) - Atout France/Nathalie Baetens (cuisinier au Mont Saint-Michel)