Portrait
Portrait de l’artiste montréalaise et Mi’gmaq Renée Condo: une ode à la joie et à l’interconnexion
Publié le 12 juin 2025

Inspirée à parts égales par les idées des Mi’gmaq et par la physique quantique, l’artiste montréalaise Renée Condo explore ces thèmes dans sa pratique artistique, créant des œuvres en deux et trois dimensions qui intègrent des perles. Renée est d’origine Mi’gmaw et applique à sa pratique artistique la vision du monde de ses ancêtres, fondée sur la connexion et l’interdépendance. Particulièrement intéressée par le concept de pema, qui décrit le mouvement et les relations entre les choses, Renée crée des œuvres joyeuses qui sont immédiatement accessibles au regard du public.
Dans ses œuvres perlées, où l’utilisation de la couleur et de l’image brouille les frontières entre abstraction et figuration, Renée célèbre la joie, le fait d’être en communauté et de laisser s’exprimer les forces cosmiques et scientifiques. Le perlage fait partie de la vie des Premières Nations du Canada depuis environ 8 000 ans, tant sur le plan culturel que commercial. Renée appose sa touche personnelle à ce médium. Ses « billes » sont plus grosses que les perles traditionnelles, de la taille d’un grain de raisin ou d’une pastille de menthe. Elle les roule dans un enduit et de la peinture pour leur donner leur couleur avant de les appliquer sur ses œuvres. Plutôt que d’enfiler les perles, elle les fixe sur une toile, inventant ainsi sa propre technique de perlage.

Giju’ (2024). 713⁄4″ x 60″.
Les compositions de Renée incluent régulièrement des motifs floraux. Dans Giju’, par exemple, le motif qu’elle utilise systématiquement est sa représentation du mntu, qui est la force vitale ou l’énergie inhérente à toutes choses. « La forme s’inspire des motifs floraux simples du perlage traditionnel et des collisions de particules en physique quantique », explique Renée. « Je voulais également que la forme reste ouverte à de multiples interprétations, évoquant des empreintes d’animaux, des baies et d’autres objets naturels. » L’artiste joue beaucoup avec ce motif, expérimentant différentes couleurs et échelles.

Nujisa’se’wamugwa’teget : Inversion (b) (2024). 72 pouces sur 60 pouces.
Dans Nujisa’se’wamugwa’teget : Inversion (b), par exemple, le résultat est incroyablement différent. Ce qui distingue le travail de Renée, c’est le médium lui-même : il s’agit d’une forme unique de création d’images qui offre une sensation tactile agréable. Les spectateurs disent souvent qu’ils ont envie de manger ses toiles ! Que ce soit la taille des perles ou la façon dont la peinture leur donne l’apparence de bonbons, les œuvres suscitent des réactions viscérales. « Mon intérêt pour l’interconnexion est profondément ancré dans la conception mi’kmaq du monde et de la création », explique Renée. « La perle, vue sous un certain angle, apparaît comme une entité unique, tandis que sous un autre, elle forme une boucle infinie. »

Glooscap (2024). 48 po x 40 po (par panneau).
Dans Glooscap, Renée a créé une œuvre monumentale composée de huit tableaux représentant chacun un paysage vague où se côtoient le soleil et la pluie. Selon la tradition et les récits transmis par les Mi’gmaq, Glooscap est le premier être humain à s’être tenu debout. Il occupe une place centrale dans le récit de la création. Ici, Renée représente Glooscap comme l’environnement : « Dans cette œuvre en huit tableaux, les références au soleil et à la pluie dans plusieurs orientations – nord, est, sud, ouest, à l’envers et à l’endroit – évoquent les sept directions sacrées de la mythologie de la création et reflètent les liens profonds qui unissent Glooscap, l’atmosphère, l’environnement, les gardiens du savoir et les enseignements qui en découlent », explique-t-elle.

Pemitg MFT I (2023). 13 pouces carrés.
Le storytelling est omniprésent dans son travail et, bien que les images elles-mêmes semblent simples, elles renferment plusieurs niveaux de souvenirs et d’histoire personnelle. Dans certaines œuvres, elle évoque des souvenirs d’enfance, tandis que, dans d’autres, elle fait allusion à des récits autochtones. Elle encourage le public à aller au-delà de la simple appréciation de ses œuvres, et à éprouver de la gratitude envers la terre, la nourriture et la famille. J’aime la façon dont Renée parvient à prendre quelque chose de complexe et à le réduire à sa forme la plus simple afin que le spectateur puisse immédiatement s’y identifier et l’apprécier. Elle a une façon unique d’amplifier le sens sans trop compliquer les sentiments.

Renée est titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en beaux-arts de l‘Université Concordia. Elle a été finaliste du prix Sobey pour les arts et a reçu plusieurs bourses et subventions. Les œuvres de Renée ont été acquises par des collections publiques et privées, notamment RBC, Scotiabank, TD Bank et McCarthy Tétrault. Renée est représentée par Blouin Division à Montréal et à Toronto. Ses œuvres sont disponibles à partir de 2 000 $.
Diana Hamm, de WK ART, est conseillère en art à Toronto. Diplômée du Sotheby's Institute of Art de Londres, au Royaume-Uni, Diana se concentre sur l'art contemporain et la découverte d'artistes émergents. Elle conseille également des clients privés en matière d'acquisitions et de constitution de collections.