À table
Rencontre avec Marilou et Alexandre de Trois fois par jour
Publié le 22 septembre 2016
À l’occasion de la sortie du livre Trois fois par jour – Deuxième tome, publié aux Éditions Cardinal, notre responsable des contenus numériques Claudia Guerra s’est entretenue avec Marilou et Alex.
La première fois que j’ai eu l’occasion de discuter avec Marilou, c’était en octobre 2013, au téléphone. Trois fois par jour n’avait que six mois de vie et connaissait déjà un grand succès. Il faisait même des jaloux sur la scène du blogue culinaire. L’entrevue tournait autour de l’art de la table et de sa collection de linge de cuisine (sa boutique en ligne comprend maintenant des accessoires divers, du textile à la papeterie). À l’époque, c’était une jeune femme authentique qui répondait à mes questions avec la plus grande franchise et simplicité. Trois ans plus tard, j’ai retrouvé cette même attitude rafraîchissante partagée par son partenaire de vie et d’affaires, le photographe Alexandre Champagne. À l’occasion du lancement de leur second livre, je me suis entretenue avec les tourtereaux – qu’on pourra bientôt voir dans une émission sur Véro.tv via ICI Tou.tv Extra. Voici ce qu’ils m’ont confié.
Le mot héritage est revenu souvent pour décrire le premier livre de recettes paru en 2014. Comment décrivez-vous ce deuxième tome ?
Alexandre : Pour le premier, le mot d’ordre était l’héritage, parce qu’on voulait qu’il soit un objet légué de génération en génération. C’est la même chose pour celui-ci, avec un plus. Plus de pages, et plus de créativité, on s’est laissés aller à ce niveau-là. Depuis qu’on fait du magazine, on s’est rendu compte qu’il y a des concepts qui fonctionnent bien avec les recettes. C’est pour ça qu’on a introduit des idées de menus, des catégories, et qu’on a essayé d’inclure les restrictions alimentaires bien connues. Ce n’est pas tellement différent du premier, mais, pour ne pas faire un jeu de mots plate, on ne change pas une recette gagnante ! On s’est inspiré du premier, on l’a juste amélioré.
Votre succès sur le Web est phénoménal. Pourquoi un livre imprimé en 2016 ?
Marilou : Parce qu’il y a quelque chose d’éphémère avec le Web. Je pense que quand tu tournes les pages sur un cellulaire, il n’y a pas vraiment le même sentiment d’appartenance qu’avec un objet comme un livre qui va avoir une tache de sauce spaghetti, que tu vas regarder dans cinq ans et qui va te rappeler la première fois que tu as cuisiné cette recette-là. Tu peux écrire dans ton livre, il va traverser le temps. Il va pouvoir être baladé dans la maison et avoir sa vie propre, et non pas juste être à l’intérieur de quelque chose qu’on ne peut toucher. Il y a quelque chose de plus humain dans le livre.
Alex : Je compare ça à un feu. Sur le Web, une publication est comme une poignée de sapin dans un feu, ça pogne fort et se consume vite. Tandis qu’une bûche, le livre, va te tenir au chaud plus longuement.
Marilou : On nous parle encore du premier livre et je pense que cet objet a encore sa place dans le coeur des gens.
Avec les médias sociaux, on est bombardés d’images. Alex, en tant que photographe, comment as-tu réussi à offrir quelque chose d’unique ?
Alex : Je dirai que c’est une succession d’essai et d’erreurs. Beaucoup d’inspirations provenant de l’étranger, notamment de l’Australie et de l’Angleterre. Katie Quinn Davies, du blogue What Katie Ate m’a donné l’étincelle de la photo culinaire. Je n’avais jamais vu ça avant, et je trouvais son travail très inspirant. Jamie Oliver et son équipe de photographes font des choses très différentes de ce qu’on voit ici. Les lumières tamisées, les couleurs très vives, et en même temps les compositions assez neutres m’ont inspiré. Parfois, on va approcher le fait de diffuser le contenu de recette de façon rapide, pour créer un grand volume de manière la plus économique possible. Pour nous, c’est l’inverse. On voulait prendre le temps de faire de la qualité avec chacune de nos recettes, et donc aussi avec les images.
Marilou : C’est aussi un travail d’équipe. Alex est incroyable, il a réussi à rendre en image ce qui est beau encore plus beau. On s’est aussi complètement surpassés dans le choix des accessoires pour ce livre et on s’est concentré sur les détails.
Alex : On voulait que ça reste réalisable et accessible, c’est un compromis. On veut créer des moments, on veut que les gens soient étonnés, que les images les inspirent à faire les recettes.
Marilou : On veut transmettre l’envie de cuisiner.
Quelles étaient vos inspirations sur le plan du stylisme et de l’esthétique du livre ?
Marilou : Pour le premier livre, c’était très bois de grange et accessoires vieillots. Cette fois-ci, on est allé plus dans le style scandinave. On s’est gâtés avec plus d’objets neufs et de créations d’artistes céramistes d’ici. On y voit beaucoup de choses faites au Québec. On est contents du résultat.
Alex : C’est plus épuré, on y trouve plus de bois blanc. On a eu l’aide d’Andréane Beaudin, styliste et designer en présentation visuelle. Elle nous a aidés à créer de belles tables et elle a fait le magasinage des accessoires.
Vous l’avez écrit dans ce deuxième tome : il n’a pas été facile à réaliser. En quoi il a été plus ardu à produire par rapport au premier ?
Marilou : La difficulté n’était pas tant par rapport au premier. J’essaie de ne pas penser à son succès, car une pression inutile m’envahit. Je dirais que, le plus difficile, c’était de jongler avec ma vie de nouvelle mère. Ça l’a tout chamboulé. La créativité quand tu es fatiguée, ce n’est pas à son maximum. Depuis mars, je savais que je devais être productive, rendre mes textes, donner mes recettes, les corriger… alors que je suis épuisée. Je n’en reviens pas qu’il soit là !
Alex : On ne comprend pas encore comment on a survécu, mais on a survécu !
Justement, vous formez une belle équipe, mais vous détacher du travail, surtout lorsqu’il vous suit à la maison ou qu’il y a des divergences, est tout un défi… Comment faites-vous pour vous accorder ?
On a de la difficulté à décrocher, je te dirai qu’il faut qu’on apprenne à faire une séparation. Ce n’est pas facile, et on n’est pas rendu là de tout. On n’est pas encore capable de se dire : « après 18 h, on ne parle plus de ça ». Il y a trop de choses et Trois fois par jour grandit trop vite. C’est vraiment une explosion. Contrairement à ce que les gens peuvent penser, ça ne finit plus de grandir. On essaie de gérer la croissance du mieux qu’on peut, mais ce n’est pas facile.
Essayez cette recette de tarte à la lasagne végétarienne paru dans le nouveau livre Trois fois par jour – deuxième tome, Éditions Cardinal (34,95 $).
Découvrez également la collection pour enfants Petite Lou & Co. à venir pour les Fêtes.
Alexandre Champagne (couverture et recette); Andréanne Gauthier (Marilou et Alex)