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La Grosse Pomme: Félix Marzell séduit New York avec son art urbain
Publié le 25 novembre 2021

Certains artistes se trouvent à la croisée des disciplines et portent plusieurs casquettes. Ainsi se distingue le très prolifique designer québécois Félix Marzell. Le jeune homme se décrit comme « Artisan, Concepteur, Designer et Entrepreneur ». Sa passion? « Explorer la fine ligne qui se trace entre l’art et la science afin des créer des expériences fortes pour un large éventail d’utilisateurs ». Luthier de formation, il a réalisé plusieurs projets de design industriel en tant qu’indépendant. Puis, en 2012, il a lancé l’entreprise DIX au carré (DIX2). Avec ses collaborateurs, il conçoit des installations artistiques et du mobilier urbain pour des clients canadiens et internationaux. L’une de ses créations, La grosse pomme, a été choisie dans le cadre d’un projet visant à améliorer Manhattan. Elle y restera jusqu’à l’automne 2022 avant de voyager vers d’autres quartiers de New York. Félix nous parle de cette expérience unique.
– Corinne Cécilia
Corinne Cécilia : L’une de vos œuvres, La grosse pomme, a été inaugurée le 13 octobre à New York. Quelles émotions avez-vous ressenties ce jour-là ?
Félix Marzell : Pour tout artiste, vendre à NYC représente une sorte d’idéal, alors c’était assurément une grande fierté et une profonde joie de voir ce projet finalement se concrétiser. Une partie de mon équipe avait fait le voyage, c’était génial d’avoir pu célébrer ça ensemble.

CC : Revenons aux origines de ce projet. L’organisme Hudson Yards Hell’s Kitchen Alliance (HYHK) vous a invité à créer votre première œuvre en sol américain…
FM : Quelle chance d’avoir eu comme client HYKH qui m’a ouvert tout grand ses portes afin de me permettre d’installer BIG APPLE. L’origine du projet prend place lors d’un séjour dans la métropole américaine. Inspirée par NYC, cette idée toute simple de mobilier urbain m’est apparue. J’ai par la suite présenté le concept à HYHK sous la forme d’un petit storyboardet ils sont tombés en amour avec l’idée. Parfois les meilleures idées sont souvent les plus simples. Nous étions d’ailleurs très surpris qu’elle n’ait jamais été faite avant.
CC : Comment étiez-vous entré en discussion avec eux ?
FM : Début 2020, j’étais invité à la délégation générale du Québec pour participer à un panel organisé par le quartier des spectacles sur la créativité québécoise.

CC : Qu’est-ce qui les a incités à choisir un créateur canadien pour cette installation artistique, selon vous ?
FM : Je crois que l’artiste aurait pu venir de n’importe où. Dans ce cas-ci c’est vraiment la simplicité de l’idée et sa représentation qui aura été le meilleur argument de vente. Inventer une Grosse Pomme dans la Grosse Pomme, créer un lieu d’accueil, un espace rassembleur et déjanté. Sans besoin d’explication, un simple regard nous confirme que ce gros banc public est NYC.
CC : Quelle est votre relation avec Manhattan, en tant que Québécois ?
FM : Je ne crois pas entretenir de relation particulière avec Manhattan, mais l’énergie des grandes métropoles m’a toujours énormément stimulé. Ces lieux bouillonnent constamment, les sons, les cultures, l’architecture, l’art et les rencontres représentent une source inépuisable d’inspirations.

CC : Comment s’est déroulée la conception de cette œuvre : aviez-vous des lignes directrices ? Ou bien avez-vous eu une totale liberté de création ?
FM : L’idée m’est venue en quelques secondes, pomme+banc = BIG APPLE. Il faut dire que je n’en étais pas à mon premier fruit… En 2014 j’avais réalisé BANC-NANAqui comme son nom l’indique, reprend l’idée d’un banc et d’une banane.
CC : Quel a été le plus gros défi dans ce projet ?
FM : Le défi ne résidait pas tant au niveau du design ni de la fabrication, mais, plus dans le fait de convaincre le monde que le pire de la Covid était derrière nous. Nous avons investi beaucoup d’énergie pour convaincre que le retour à la normale doit passer par les espaces extérieurs et les parcs.
CC : Et la plus grande réussite ?
FM : D’avoir réussi à vendre mon premier projet à NYC et ce, en temps de pandémie.

CC : En quoi La grosse pomme marie-t-elle le design urbain et le street art ?
FM : Il y a une profonde réflexion de design dans cet objet, tant au niveau de l’ergonomie que de sa mise en forme et du choix des matériaux. En parallèle, tel un objet d’art, BIG APPLE parle aux gens qui la croise ; elle fait réagir. Je m’identifie beaucoup au Land Art et au Street Art car ces véhicules me permettent d’offrir une expérience gratuite à tous avec un objet directement en lien avec son environnement. Je prends grand plaisir à voir les passants être surpris par mon œuvre et s’arrêter un petit moment pour y prendre place et faire quelques portraits.
CC : Parlez-nous de votre actualité. Un projet dont vous aimeriez parler à nos lecteurs ?
FM : Plusieurs choses vraiment cool arrivent dans un futur proche. Le Salon du livre de Montréal et le Palais des congrès m’ont donné carte blanche pour créer des installations artistiques pour marquer le retour du Salon. Nous réalisons un mini-putt pour les employés d’un bureau à Griffintown et je peux aussi annoncer en primeur le retour du Banc-Nana à Longueuil au printemps prochain. Plein de choses formidables sont à l’agenda pour 2022… Suivez l’aventure ici @worldofmarzell.
Photos Dix au carré (La grosse pomme) / Katya Konioukhova (portrait de Félix)