28 novembre 2011

Entrevue : Sebastien Centner

Qu’il y ait 20 ou 200 convives, Sebastien Centner sait rendre une soirée spéciale. Le traiteur travaille d’ailleurs à la rédaction d’un livre truffé d’astuces et d’idées pour aider l’hôte amateur à faire grande impression. Sebastien Centner, directeur d’Eatertainment Special Events & Catering, à Toronto, est l’homme derrière certaines des soirées les plus glamour du pays, souvent en l’honneur de personnalités connues (un certain M. Pitt et un certain M. Clinton ont fait appel à ses services). Sa compagnie gère aussi les restaurants Bloor Street Diner et Panorama et orchestre de grands événements caritatifs, tel le gala de Fashion Cares, qu’il a coprésidé pendant des années. Mais loin des paillettes et des mondanités, ce que Sebastien aime par-dessus tout, c’est recevoir, qu’importe la liste des invités. Et il reçoit souvent, réservant un traitement royal à sa famille et à ses amis. Un de ses trucs préférés : placer les invités en mettant leur nom autour de la table. « Les gens aiment voir leur nom, ils se sentent importants. » Son but : trouver le petit détail qui donnera à chacun l’impression d’être à l’honneur. Avec son épouse, Sheila, il a rénové son bungalow d’une soixantaine d’années en fonction du ballet incessant des hôtes et de leur vie de famille, avec leurs enfants, Logan, 9 ans, et Colsen, 12 ans. « Un de mes amis aime
à dire que notre porte s’ouvre toujours vers l’intérieur. »

Maison & Demeure : Recevez-vous beaucoup ?

Sebastien Centner : Tout le temps. Ma femme m’a surnommé « l’hôte compulsif » ! Je peux sortir d’une réception pour le Festival international du film de Toronto et inviter des gens à la maison. Mes parents recevaient déjà beaucoup.

M&D : Des nouvelles tendances, dans la façon de recevoir, qui retiennent votre attention ?

SC : Les gens reçoivent plus, ce qui m’enchante. Il y a un parallèle à faire avec ce qui s’est passé en décoration, il y a une quinzaine d’années. L’engouement a été tel qu’il y a aujourd’hui des dizaines d’émissions de décoration à la télévision. Le raffinement est rentré dans les mœurs, et je crois que cela s’applique aussi à l’art de recevoir. Recevoir, c’est dans le ton, cela s’est démocratisé, pour mon plus grand bonheur. J’aime aussi le locavorisme, qui consiste à manger de la nourriture produite dans un rayon de 160 km.

M&D : De nouvelles tendances en restauration ?

SC : De nouvelles épices, des sucres fins et des sels aromatisés.

M&D : C’est très dans le ton. Votre hantise en tant qu’hôte ?

SC : Qu’un invité ne me signale pas son régime alimentaire particulier. Si quelqu’un ne mange pas de poisson, par exemple, je peux toujours faire quelque chose à la dernière minute, mais je préfère le savoir
à l’avance. On en revient à cette idée que l’invité doit avoir l’impression d’être à l’honneur.

M&D : Votre type d’invité préféré ?

SC : Celui qui arrive et qui repart en taxi, qui peut ainsi profiter de tout sans se soucier de prendre le volant. Il est à l’heure et n’est pas pressé de partir. Et il revient souvent, et pas parce qu’on apprécie ses cadeaux, car nous avons déjà tout ce qu’il nous faut.

M&D : Le cadeau d’hôte que vous aimez donner ?

SC : J’aime apporter une bouteille de champagne et, le lendemain, faire livrer des fleurs, qui seront plus appréciées que le jour même, avec une note de remerciement. Ou deux bouteilles de vin, une pour boire avec mes hôtes et l’autre qu’ils boiront à leur guise. Ou des sucres ou des sels fins.

M&D : Le plus beau cadeau que vous ayez reçu ?

SC : Quelqu’un que nous connaissions à peine est arrivé avec une bouteille de vin pour nous et deux films de Disney pour les enfants. Quelle belle attention ! Les enfants ont pu se divertir pendant que nous étions à table.

M&D : Ce qui rend une soirée mémorable ?

SC : Lorsqu’ils repartent, j’aime que mes invités se sentent importants. Ce sont les petits détails qui font la différence : servir la marque de vodka préférée d’un hôte, avoir préparé de la musique d’ambiance ou offrir des cadeaux en fin de soirée. Les gens s’en vont en se disant qu’ils ont passé une soirée magique, même s’ils ne savent pas précisément pourquoi.

M&D : Des trucs pour celui qui n’ose recevoir ?

SC : Oui, deux choses importantes : un, faire le maximum à l’avance et, deux, donner dans la simplicité. Mettez le couvert, vérifiez qu’il ne manque rien dans la salle de bain et préparez le bar bien avant l’arrivée de vos invités.

M&D : Des trucs du métier qui vous servent quand vous recevez à la maison ?

SC : Quand j’organise une réception, j’opte souvent pour des bouchées disposées à divers endroits. C’est l’idéal pour les grands groupes ou les petits budgets, car j’économise sur les frais de personnel. À la maison, je sers souvent des assiettes de charcuterie que je monte à l’avance et qui ne demandent aucun service. Parfois, c’est ce que je fais à la maison qui m’inspire. J’ai inventé des canapés en forme de sucettes, au saumon fumé et au fromage à la crème garnis de ciboulette hachée. C’est pratique quand on a un verre de champagne à la main.

M&D : Votre famille recevait-elle beaucoup ?

SC : Oui, mes parents avaient un bistro club de jazz, à Toronto, le Café des Copains. L’essentiel de la clientèle était des artistes sans le sou qui payaient leur note avec des œuvres d’art.

M&D : Comment passez-vous les Fêtes ?

SC : Mon père est juif et ma mère chrétienne, alors nous honorions toujours les deux traditions. Aujourd’hui, nous ne fêtons que Noël. Ma mère sert du homard, pour les adultes, le 24 décembre. Nous mangeons tard et ouvrons nos cadeaux bien après minuit. Le 25, les enfants se réveillent tôt et ouvrent leurs cadeaux puis mon épouse et moi préparons un repas pour une vingtaine de personnes. C’est fou ! Nous nous relaxons le 26.

Source : Maison & Demeure hiver 2010 – 2011