Décoration et design

23 octobre 2015

Entrevue : Damask & Dentelle et son premier livre déco

Connue pour son énergie contagieuse, son obsession pour le retapage des meubles et son répertoire web d’adresses déco, Vanessa Sicotte est devenue pour plusieurs une véritable référence déco. Blogueuse, chroniqueuse, vedette à Canal Vie, l’entrepreneure vient d’ajouter une corde à son arc : celle d’auteure. Paru aux Éditions Cardinal, Damask & Dentelle – 300 trucs pour une déco parfaitement imparfaite est l’un de ces rares livres québécois dédiés entièrement à l’aménagement d’intérieur. Entrevue avec une passionnée décomplexée et créative.


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Peux-tu nous expliquer ce que tu aimes dans l’imperfection ?

J’aime que le décor d’une maison transmette la personnalité de ses occupants. Il faut que nos maisons soient aménagées pour la vie que nous menons, aussi effrénées soient-elles. Le plus beau compliment qu’on peut me faire est, je pense, « ta maison te ressemble », surtout quand on sait à quel point je suis loin d’être parfaite !

Dans ton livre, tu parles de ta fascination pour les arts domestiques. Comment les décris-tu aujourd’hui ? 

L’art de recevoir a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Nous aimons toujours recevoir, mais nous ne le faisons plus de la même façon, avec de petites assiettes dans les grandes et 14 ustensiles de chaque côté des assiettes. Notre mode de vie actuel est beaucoup plus «multifonctionnel» et les pièces doivent refléter cette nouvelle réalité. Ainsi, la salle à manger devient bureau ou salle de bricolage entre les repas, il faut prévoir du rangement, du mobilier résistant, et de l’habillage de table qui peut passer du repas familial en semaine aux soirées entre amis les weekends en un clin d’oeil. Personne ne veut plus empeser ses nappes de dentelle… je pense.

Comment définis-tu ta propre signature ? 

Mon style personnel est très décomplexé et bohème. Je mélange les époques et les couleurs sans gêne pour créer un tout qui est harmonieux et cacophonique à la fois. Avec les années, j’ai pris de l’assurance dans mes convictions, dans le fait que c’était OK de décorer avec des meubles vintage, et qu’il ne faut pas trop prendre le processus au sérieux, mais au contraire avoir du plaisir dans son exécution.

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Tu mentionnes dans ton livre, ton intérêt pour l’histoire. Nous aussi, on adore ! Quelles sont tes influences du passé ?

Je suis une « historienne de garde-robe », c’est vrai! Je trouve que l’histoire du mobilier en dit long sur les sociétés de leur époque et ce qui est magnifique, c’est que ces mêmes styles reviennent en vogue au siècle actuel. Mes plus grandes influences proviennent du style Art nouveau (1880 – 1910) avec ses lignes courbes et torsadées, ses vitraux remplis de personnages fantastiques et de végétation luxuriante. Ensuite, je suis grande fan du style Art Deco (début du 20e siècle jusqu’en 1935) pour ses juxtapositions complexes de formes géométriques et ses matériaux polis (pensez seulement au Chrysler Building à Manhattan). En ce qui concerne le mobilier, ce sont plutôt les époques Bauhaus (1919-1933), Mid-Century Modern (1933-1965) & Hollywood Regency (1920-1950) qui m’attirent. Les designers que j’admire le plus sont Dorothy Draper qui a été une pionnière dans le design d’intérieur, ainsi que Serge Mouille pour ses lampes ultramodernes et Eero Saarinen pour le côté avant-garde de ses créations.

Et aujourd’hui, ton regard se tourne vers…

Aujourd’hui, c’est vers la relève que je tourne mon regard. Depuis 2009, j’en ai fait ma mission avec le répertoire de Damask & Dentelle, celle de proposer et de faire découvrir des créateurs québécois de grands talents aux férus de déco… comme moi. 🙂

Par ton travail, tu souhaites «démocratiser » la déco, et tu sembles avoir établi un lien privilégié avec le public. Remarques-tu un changement dans sa relation avec son intérieur ? 

La relation qu’ont les gens avec leur maison a beaucoup changé depuis quelques années. Nous sommes passés d’un espace fonctionnel à un espace personnel où la créativité se retrouve aux quatre coins de la maison. D’ailleurs, c’est ce que je voulais célébrer avec le livre, la déco décomplexée des gens partout en province. Toutes les maisons que j’ai visitées ont été décorées à 100 % par ceux qui y vivent. C’est du bonbon pour les yeux de voir la créativité des gens!

Brocantes, boutiques, artisans… même chose pour les pros de partout au Québec. Quelles impressions sur la déco au Québec partagent-ils avec toi?

Ah, très bonne question ! Je dirais que j’en entends de toutes les sortes. La plupart des détaillants me disent que les gens sont de plus en plus éduqués par rapport à la déco. Ils veulent aménager leur maison de façon personnelle et ils sont prêts à prendre le temps nécessaire pour le faire. Certains brocanteurs me disent par contre, à la blague, que je leur ai un peu coupé leur marge de profit en éduquant les gens, à Sauvez les Meubles, sur la valeur des meubles vintage.