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21 février 2022
Réduisons le gaspillage alimentaire! Un entretien avec Elizabeth Coulombe, Présidente et Co-Fondatrice de Tero.

Objectif zéro déchet alimentaire
Au cours des dernières années, le gaspillage alimentaire est devenu un sujet de discussion ici, et ailleurs dans le monde. Comme l’expliquent les experts d’Environnement Canada « les aliments produits, mais non consommés, finissent dans les sites d’enfouissement et produisent du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Lorsque la nourriture est gaspillée, toutes les ressources consacrées à la production de cette nourriture sont également gaspillées. »
Les pertes et le gaspillage alimentaires se produisent souvent « malgré nous ». Parfois, on engrange trop d’aliments, et certains se dégradent avant qu’on ait pu les consommer. De plus, si on n’emballe pas correctement les fruits et légumes, ils se détériorent rapidement. Enfin, nombre de personnes jettent leurs restes de nourriture à la poubelle au lieu de les recycler comme déchets organiques.
Une solution simple, rapide et efficace
Chacun d’entre nous peut réduire les pertes et les déchets alimentaires au quotidien. À l’échelle d’une nation, la société civile, les institutions gouvernementales et le milieu des affaires doivent relever ce défi.
À ce titre, une innovation québécoise se propose de renverser la tendance. « Tero est un produit canadien primé qui transforme presque tous les déchets alimentaires en engrais naturel, expliquent ses représentants. La marque a récemment été reconnue lors du Grand Prix du Design (GDP), remportant trois catégories, notamment les produits de consommation, les produits de cuisine et les produits technologiques. »
La plupart des gens ne souhaitent pas gaspiller consciemment la nourriture. Mais les habitudes ont la vie dure et l’on doit apprendre à gérer nos déchets ménagers de manière efficace. Dans cet entretien, Elizabeth Coulombe, Présidente et Co-Fondatrice de Tero, partage sa vision et des conseils précieux! Découvrez le parcours fascinant d’Elizabeth et de son amie Valérie Laliberté, les deux jeunes femmes qui ont inventé cet appareil électroménager novateur. Leur vision et leur détermination nous incitent à réfléchir et à passer à l’action!
– Corinne Cécilia

Corinne Cécilia: Pour les gens qui ne vous connaissent pas, quand avez-vous commencé à vous intéresser à l’environnement? Qu’est-ce qui a déclenché chez vous la passion du compostage?
Elizabeth Coulombe: Je dirais que depuis mon adolescence, je suis concernée par l’environnement. Je me souviens avoir participé à des débats avec des membres de ma famille pour questionner les habitudes de surconsommation qu’ils avaient et qui pour eux, étaient normales. Cela dit, c’est surtout à l’université que mon intérêt pour l’environnement a grandi en rencontrant Valérie, mon amie et associée chez Tero. C’est d’ailleurs dans le cadre de nos études en design de produits que nous avons décidé de travailler ensemble pour notre projet de fin d’études.

EC: Alors que nous devions choisir une problématique et y répondre en créant un produit, il était important pour nous de mettre sur pied quelque chose d’utile qui allait faire une réelle différence. N’ayant pas accès à une collecte de compostage dans la Ville de Québec et étant à court de solution pour recycler nos déchets alimentaires, nous avons décidé d’attaquer cette problématique pour offrir une solution simple et agréable pour composter.

CC: Créer une entreprise est un grand défi, et le secteur de la gestion des déchets alimentaires est complexe. Avez-vous étudié non seulement le marché québécois, mais aussi le reste du pays, avant de lancer votre projet? Comment avez-vous décidé ce qui serait votre mission : concevoir des solutions de valorisation des déchets organiques?
EC: Quand nous avons décidé de traiter la problématique de gestion des déchets à la maison, nous avons rencontré et interviewé des centaines de citoyens pour comprendre leurs besoins au niveau de la gestion de leurs déchets alimentaires à la maison. Nous avons également rencontré des experts dans le domaine, visité des incinérateurs, des sites d’enfouissement, des sites de compostage, des centres de tri, pour vraiment avoir une vue d’ensemble sur la problématique. Nos recherches ont principalement été faites dans la région de Québec, mais nous avons rapidement constaté que l’expérience des Québécois avec la gestion de leurs déchets est semblable au reste du Canada et même, à d’autres pays du monde.

CC: Comment s’est déroulé le développement des produits Tero?
EC: Le concept de Tero a d’abord été développé dans le cadre de notre baccalauréat en design de produits à l’Université Laval, durant notre projet de fin d’études. Ensuite, quand nous avons décidé que nous voulions transformer notre projet universitaire en entreprise et commercialiser le produit que nous avions inventé, nous avons dû nous entourer de divers experts en développement de produit. Différents types d’ingénieurs nous ont aidées à poursuivre la conception de notre produit et sa technologie pour en faire un produit de qualité, performant et unique.

Le succès de votre campagne de financement sur Kickstarter a confirmé l’intérêt des consommateurs pour un tel appareil. Quels sont les pays et/ou les régions canadiennes qui ont réagi le plus, ou investi le plus ?
EC: La région de Québec a été celle qui a le plus réagi, puisque nous sommes Québécoises et que plusieurs médias québécois ont parlé de notre lancement. La grande majorité de nos contributeurs Kickstarter sont donc des Québécois. Je crois que les Québécois étaient fiers de savoir que nous étions deux jeunes femmes de leur région qui avaient inventé cet appareil et c’est pourquoi ils nous ont fortement soutenues. Cela dit, nous avons observé par la suite beaucoup d’engouement dans d’autres provinces canadiennes et nous travaillons actuellement à faire connaître notre recycleur alimentaire à travers toute l’Amérique du Nord.

CC: Où en sont les commandes et les livraisons de Tero et Tero Plus?
EC: La livraison des appareils Tero se déroule bien. Nous avons officiellement commencé la production et la livraison des appareils au mois de septembre dernier. Au cours des premières semaines, nous avons vécu quelques défis qui nous ont amenés à ralentir le rythme de production, mais de semaine en semaine, nous constations une progression, ce qui était positif. Comme il s’agit d’un nouveau produit et d’une nouvelle ligne de production, il y avait énormément d’éléments à mettre en place avant d’atteindre une production fluide et stable. En plus, avec la situation manufacturière mondiale qui est difficile, nous avons fait face à certains vents contraires, notamment causés par le retard de livraison de certaines de nos composantes. Cela dit, notre production va bon train maintenant et nous avons très hâte que la totalité de nos contributeurs reçoivent leur appareil Tero et qu’ils puissent, à leur tour, faire leur part pour l’environnement.

CC: Un message que vous aimeriez partager avec nos lecteurs?
EC: Je crois que Tero démontre aux citoyens que réduire ses déchets alimentaires n’a pas besoin d’être compliqué. Avec les enjeux environnementaux véhiculés quotidiennement dans les médias, on peut ressentir une certaine pression. Tout le monde souhaite faire sa part, mais ne sait pas nécessairement comment faire ou par où commencer.

EC: Chez Tero, on a envie d’inspirer le changement et de le faire graduellement, en respectant le rythme des consommateurs. C’est pourquoi nous leur offrons une solution simple, rapide et efficace qui s’intègre à tous les types de cuisine. Notre appareil devient rapidement un compagnon dans la préparation des repas, évite aux déchets de se retrouver dans la poubelle et offre au sol un fertilisant naturel riche en nutriments. C’est une solution clé-en-main pour tous ceux et celles prêts à participer au changement!