Décoration et design
11 mars 2020
Pourquoi Palm Beach est un haut lieu de la décoration intérieure
Une région unique
Autrefois considérée comme kitsch et un peu archaïque, l’esthétique de Palm Beach a reçu une dose d’adrénaline de la part de grands noms du design comme Jonathan Adler (un résident saisonnier) et Celerie Kemble. De plus, le magnat des affaires Aerin Lauder vient de publier son nouveau livre, Palm Beach, un regard nostalgique sur ce qui rend le style de cette région si unique.
Ce mois-ci se tient le troisième salon annuel de la décoration de Kips Bay, à Palm Beach. Cette année, le salon aura lieu dans la maison de Lars Bolander, fournisseur local d’antiquités. Toutefois, il n’est pas nécessaire de vivre dans une villa d’Addison Mizner pour adopter les caractéristiques de ce style durable. Les couleurs preppy, les empreintes de palmiers, le rotin et le corail apparaissent partout.
Comme un mouvement de Lilly Pulitzer, le pendule du décor a rebondi pour embrasser des imprimés et des motifs exubérants. Voyons donc de plus près comment ce style à trouver le juste équilibre.
« Je voulais vraiment capturer l’esprit de Palm Beach — c’est de la broderie, c’est nautique, c’est Slim Aarons et c’est un peu de chinoiseries », dit Jonathan Adler à propos des suites qu’il a conçues pour le cinq étoiles Eau Palm Beach, autrefois un club privé exclusif, La Coquille. Les caractéristiques de l’aspect de Palm Beach sont rendues dans des tons qui reflètent le soleil et l’eau, comme on peut le voir sur le canopée du lit à bandes marines. « La seule chose qui soit meilleure qu’un petit déjeuner d’hôtel est un lit d’hôtel. Je voulais donc m’assurer que tout soit luxueux et confortable — même la tête de lit, qui est recouverte de l’Arbre de Matisse par Quadrille », dit-il.
Le mur d’art fait main du visage du soleil de Jonathan décore la Cuisine ouverte de Brise d’Eau où les bancs sont tapissés de coussins d’agrumes poivrés et les finitions sont blanchies au soleil et subtiles. La nuit, des guirlandes lumineuses donnent une ambiance de cabane de plage rustique.
Nulle part ailleurs le rose pamplemousse n’est plus à l’honneur qu’à Palm Beach, et lors du 3e salon annuel des décorateurs de Kips Bay, à Palm Beach, il a fait l’objet d’une attention toute particulière dans la Grande Salle. La designer Suzanne Kasler s’est appuyée sur une palette quintessenciée de rose et de blanc et a combiné des éléments de base très appréciés comme le rotin, le lin et des matériaux naturels. Les bibliothèques encastrées et brillantes du Custis Salmon (CW-215) de Benjamin Moore s’étendent sur tout un mur, tandis qu’un revêtement mural tropical donne un ton langoureux, «je suis définitivement sur un ton de vacance».
Le tapis d’herbe de mer tissé, la table basse Lucite et le canopée de bambou surmontée de faîteaux de palmier sont du pur Palm Beach. Toutefois la créatrice new-yorkaise Alessandra Branca s’est également inspirée du Portugal, en choisissant un papier peint bleu et blanc ressemblant au carrelage portugais. « La couleur est l’épice de la vie — et j’aime l’épice », dit Alessandra.
Le vert Kelly anime une palette de noir et blanc sur la terrasse ombragée du Show House, conçue par Sherrill Canet. Cette loggia mélange des touches modernes avec des pièces anciennes pour un look sur mesure, inspirant la conversation et une vie extérieure glamour mais confortable.
Pour donner une nouvelle tournure au jardin typiquement tropical de la maison, les paysagistes de Palm Beach Mario Nievera et Keith Williams se sont inspirés du Taj Mahal et ont créé un design moghol saisissant en utilisant du gazon et du gravier pour entourer la piscine. Les bougainvilliers violets et roses apportent une touche de couleur parmi la verdure des plantes indigènes, comme les palmiers matures.
Aerin Lauder, habitante de longue date de Palm Beach, détaille certains de ses repaires favoris dans son nouveau livre, Palm Beach. Ce plan représente la cour des palmiers de l’hôtel The Breakers, une destination glamour inspirée de la Villa Médicis à Rome. Un imprimé ikat raffiné sur les chaises en faux bambou est contrasté par des coussins aux fleurs éclatantes. Les tuiles de terre cuite en forme de tonneau, le sol en tuiles et le treillis du toit sont des signatures classiques de Palm Beach.
Le Colony Hotel est une autre attraction de Palm Beach à laquelle on a donné une nouvelle vie. L’artiste Kate Schelter a donné au palais rose historique un nouveau logo (une esquisse de la mascotte préférée de Palm Beach – Johnnie Brown, le célèbre singe araignée de l’architecte Addison Mizner) et a éclaboussé un motif de raisin de mer sur toutes les boites d’allumettes… qui sont souvent empochées, en même temps que les stylos roses. La décoration rose et verte bien-aimée de l’hôtel est annoncée par une voiturette de golf rose et une planche de surf imprimé de feuilles, garées à l’extérieur.
A l’intérieur de The Colony, l’exubérant papier peint Brazilliance rendu célèbre par Dorothy Draper transforme un couloir en une jungle luxuriante.
La designer Celerie Kemble est une ancienne élève de Palm Beach (elle s’est associée avec sa mère, la célèbre designer locale Mimi McMakin, pour former Kemble Interiors) qui a contribué à la rénovation de l’intérieur de l’hôtel Colony pour un montant de 18 millions de dollars. Dans ce coin salon, une frange de macramé agrémente un confortable siège touffu avec des poufs brodés de style Preppy et une cheminée en pierre sculptée surmontée d’un grandiose bougeoir en faux corail.
Des bandes de ruban adhésif embellissent les parasols et la douce nuance de céleri — au lieu du vert émeraude ou du vert chasseur, plus courant — modernise toutes les chaises longues extérieures autour de la piscine de l’hôtel Colony.
Un tableau d’inspiration dans le magasin phare Lilly Pulitzer, situé sur l’avenue Worth, montre une photo de Lilly sautillant avec agilité sur l’aile d’un avion tout en portant une pile de ses tissus emblématiques (qui sont devenus des agrafes de Palm Beach, autrefois portées par Jacqueline Kennedy, une copine d’école). Les nouvelles couleurs sont éclatantes et la faune naturelle est optimiste et insouciante.
Le célèbre designer londonien Martin Brudnizki a réorganisé l’intérieur du Four Seasons Resort Palm Beach avec des rayures classiques de cabanons et un traitement du plafond en trompe l’œil qui ressemble à une tente, ainsi que des tapis tissés de plage. « Nous voulions embrasser et construire un récit autour d’une expérience de plage sophistiquée. Les intérieurs rendent hommage à la zone côtière du Resort et au charmant héritage du quartier de Palm Beach », dit-il.
Les prises de la terrasse de Florie donnent un air de fraîcheur à la sauge des années 80 lorsqu’elles sont rendues par des carreaux en treillis qui mettent en valeur les blocs de pierre de corail du sol. Une structure de pergola laisse passer le soleil.
Il n’y a pas une histoire plus originale pour décrire le style de Palm Beach que celle de Whitehall, la période dorée de l’immobilier bâti par la force motrice de Palm Beach, le magnat de l’industrie Henry M. Flagler. Aujourd’hui le musée Flagler, ce lieu historique national met en valeur les accents méditerranéens si populaires dans la région avec ses colonnes cannelées, ses portes en arc, ses ferronneries élaborées et ses urnes surdimensionnées, qui imitent une grande villa européenne.
