ESPACES EXTÉRIEURS
Parcourez le potager durable des Ensembliers
Publié le 19 avril 2021

Richard Ouellette et Maxime Vandal, le duo derrière la firme de design montréalaise, Les Ensembliers, ont toujours aimé les beaux jardins. Mais ici, à Humming Hill, leur dernière résidence secondaire près de Knowlton, au Québec, ils ont créé quelque chose qui dépasse le chef-d’œuvre esthétique. Leur propriété de 32 hectares est également une ferme, dotée d’un sérieux potager, de ruches, d’un poulailler et d’une érablière pour la production de sirop d’érable. Depuis qu’ils ont acheté la propriété, Richard et Maxime creusent, construisent et plantent, sans oublier la préparation de centaines de bulbes de dahlia et l’installation d’une chambre de culture pour partir les semis au sous-sol – tout cela en prévision de l’ouverture de leur ferme floricole.
Pendant toute la belle saison, les jardins de fleur se parent de mille couleurs, les légumes et plantes précieuses sont regroupés dans de jolis parterres traversés d’allées gravillonnées qui rappellent les plus beaux jardins ornementaux de France et d’Angleterre. « Je me suis inspiré des labyrinthes victoriens, le point de vue est plus spectaculaire vu de haut », explique Richard.
En créant ses espaces extérieurs, le binôme s’est familiarisé avec les principes de la permaculture – une approche durable de l’agriculture – en consultant des spécialistes du secteur, principalement l’experte Caroline Gosselin. Pour les designers (et floriculteurs en devenir), le jardinage est devenu un mode de vie. « Humming Hill est un endroit qui a sa raison d’être : on y fait pousser des fleurs et des légumes, on profite d’un mode de vie sain et durable, on reçoit et on y passe de beaux moments », ajoute Richard.
Richard et Maxime vous font visiter leur jardin ci-dessous.

La maison-remise jouxte les barrières qui permettent d’accéder aux parterres.

Le balcon à l’étage de la maison est devenu l’endroit préféré du duo pour admirer la propriété. « On y profite du soleil du matin, et l’après-midi, le balcon est baigné d’une ombre rafraîchissante pendant les chaudes journées d’été, puisque le soleil se trouve alors de l’autre côté », mentionne Richard (à gauche, avec Maxime et leur mini pinscher, Zack).
De grandes marches de pierre ont été installées sur cette partie gazonnée pour faire écho aux parterres du potager, à proximité. Les pierres tissent un lien architectural avec la porte de la maison, et montrent la voie vers le potager.

Cette table, sur le côté de la maison, sert à ranger le bois de foyer, à rempoter des plants, à trier et préparer les fruits et légumes, et offre une surface de travail pour garnir les pizzas (que l’on fera cuire sur le four extérieur, à droite). « Lorsque l’on sert un repas dont les ingrédients proviennent de notre jardin, on comprend alors tout le sens de notre démarche », explique Maxime.

Les allées gravillonnées de ce parterre classique soulignent la symétrie de l’ensemble, permettent de bien drainer le sol et évitent de patauger dans la boue pour se rendre aux cultures. Les jardinières surélevées pour les légumes sont plus proches du centre, alors que les parterres du pourtour, au niveau du sol, sont réservés aux petits fruits, aux fleurs et aux éléments décoratifs qui cachent la clôture. La fontaine au centre, nichée parmi les roses et la lavande, est un lieu de rendez-vous pour les papillons, les libellules et les colibris (qui ont inspiré le nom de la ferme). Le duo a fait construire les jardinières et la pergola, mais s’occupe de l’entretien du jardin et de la majeure partie des récoltes, avec l’aide du frère de Maxime, Bernard.

Même s’il s’agit principalement d’un jardin-potager, Richard et Maxime ont soigné le côté visuel et accordent une grande attention aux couleurs et aux tailles des différentes plantes. Les jardinières surélevées sont une méthode écologique et moins intensive de jardiner efficacement : elles permettent un bon drainage, limitent la migration des mauvaises herbes et limaces, aident les sols à conserver ses nutriments et évitent le compactage.

Richard et Maxime ont des poules Chantecler, une race locale qui résiste bien au froid! Ils ont également des abeilles, essentielles pour polliniser les fleurs et, en février dernier, ils ont commencé à entailler leurs érables. Le duo a également lancé une coopérative pour les cultivateurs locaux, la plupart des jardiniers du dimanche, afin d’échanger des ressources et de l’information. « Nous fusionnons nos efforts afin d’être plus productifs et nous spécialiser dans ce que nous faisons le mieux – créer des synergies », mentionne Maxime.

Richard et Maxime ont construit cette pergola avec des poutres de cèdre rouge de l’Est, qu’ils ont agrémentée de fauteuils Muskoka.

Richard et Maxime ont investi dans un système d’irrigation. « Si vous voulez réussir avec ce type de jardin, il vous faut un système intégré », mentionne Richard. Leur système goutte à goutte permet de choisir le moment de l’arrosage et la quantité d’eau, par zones. Le paillis, qui couvre la plupart des parterres, est une façon simple et durable de tenir le sol frais, humide, et de combattre les mauvaises herbes. Ils fabriquent leur propre paillis à partir des arbres qu’ils coupent en forêt pour ouvrir des sentiers.

Même le plus petit filet d’eau agrémente un jardin en y apportant un élément sonore et du mouvement. « Nous avons ajouté cette fontaine d’acier Corten au moment de bâtir notre étang à carpes koïs, mentionne Richard. C’est un endroit tranquille, propice à la méditation, et le Bouddha de bois a toujours trouvé sa place dans nos jardins au fil des ans. » Fait en béton, le bassin est conçu pour reprendre le principe des jardinières surélevées, et fait écho aux parterres qui l’entourent. « La nuit, on voit les reflets de l’eau sur le plafond de la maison », ajoute Maxime.

La grande étagère métallique permet à Richard de disposer ses nombreux pots : il garde dans la maison la moitié des plantes en pot du jardin pour l’hiver, et les ressort au printemps. C’est un geste qui est à la fois écologique et économique.

Le pavillon de piscine a été repeint et Richard l’a aménagé avec des meubles éclectiques pour en faire un endroit douillet et fantaisiste. Si vous avez suffisamment de place, la douche peut être un élément amusant dans votre espace extérieur. Ici, elle se trouve dans une alcôve du pavillon et, pour la protéger le plus possible des regards indiscrets, elle donne sur les champs qui entourent la propriété. Les arbres matures, notamment les chênes, les pins, les érables, les lilas et les cerisiers, sont sans aucun doute un attrait majeur de cette propriété.

Le pavillon de piscine sert de vestiaire pour les nageurs et les joueurs de tennis, mais également d’appartement pour les amis pendant la belle saison. Richard et Maxime ont conçu le tissu ikat du pouf, appelé Les Nomades, pour Brunschwig & Fils, et Richard a réalisé l’œuvre qui surplombe le canapé.

Le pavillon de piscine comprend également un petit bar (en arrière-plan), pour un cocktail vite fait en après-midi. La courtepointe provient d’une exposition d’antiquités tenue à Knowlton, et la photographie est de Ned Pratt.

Pour intégrer la piscine de façon plus harmonieuse avec le jardin, on a omis la large bordure qui entoure généralement les piscines. Il est également possible de choisir un terrassement d’allure plus naturelle. « Nous avons enlevé toutes les surfaces dures, l’effet est donc moins manucuré, explique Richard. L’an prochain, on voudrait la peindre d’une couleur plus sombre, pour qu’elle s’intègre encore mieux au paysage. »
André Rider
House & Home, mai 2020
Richard Ouellete & Maxime Vandal, Les Ensembliers