Intérieurs
Maison du mois : une centenaire au chic européen
Publié le 4 juillet 2017

L’élégante demeure centenaire de Lachine était comme une grande dame tentant de se glisser dans un vêtement trop étroit, une relique de sa jeunesse qui ne l’avantageait pas. La maison de cinq chambres était une courtepointe d’époques, de tendances et de rénovations. Telle une styliste vestimentaire, la designer Mélanie Cherrier a été appelée à lui trouver un look aussi élégant (et approprié à son âge) qu’un tailleur Chanel. « Je voulais un style européen — chic, mais sans flafla, neutre et intemporel. Je souhaitais préserver le plus possible le caractère patrimonial, sachant que nous aurions à rebâtir la majorité des éléments architecturaux », explique Mélanie en parlant de la rénovation de 800000 $ qui a duré un an.
Voyez cette demeure de style français, simple et classique, et découvrez comment Mélanie a choisi, pour la propriétaire, Karine Borris, et ses quatre enfants, des carrelages en damier Belle Époque, des touches de bois naturel et des lustres en cristal dans la cuisine.

À l’extérieur, toutes les fenêtres et les façades ont été remplacées. Une palette harmonieuse marie le toit en ardoise et celui de la galerie, en métal.

Pour créer une première impression digne de la demeure, Mélanie a agrandi l’ancien vestibule carré de 1,25 m de côté en lui adjoignant une petite pièce attenante. Elle a pu ainsi reconfigurer l’escalier, qui donne maintenant sur la porte d’entrée, accentuant l’effet de grandeur. Mélanie a apporté une touche d’élégance européenne en posant de grands carreaux en damier et en installant des placards encastrés munis de portes doubles en miroir. « Il n’y avait aucun placard dans le vestibule ! Pour une si grande maison, et avec quatre enfants, il se devait d’être fonctionnel », explique Karine.
Le marbre étant trop coûteux, la designer Mélanie Cherrier a créé une entrée digne d’un château avec de grands carreaux en céramique. Les portes en miroir donnent du chic aux deux nouveaux placards encastrés.

La propriétaire Karine Borris (à droite) et sa fille aînée, Mélodie. Budget oblige, les fenêtres sont restées nues dans cette pièce, mais Karine aime l’effet d’ouverture.

Avec quatre enfants, Karine tenait à un canapé en cuir durable, mais Mélanie craignait que le salon ait l’air trop masculin. Elle a donc adouci le style avec un tapis à losanges et un coussin à fleurs. Achetée en ligne, la table basse a été garnie du même dessus en quartz que les comptoirs de la cuisine pour créer une belle unité.

«Ouvrir les pièces a été l’un des plus grands changements », mentionne Karine. Auparavant fermées et séparées, la cuisine et la salle à manger étaient sombres et isolées. Cuisiner, une activité prisée par la famille, est bien plus agréable dans cette aire ouverte. «Nous cuisinons beaucoup et les enfants adorent faire de la pâtisserie», indique Karine. Les deux lustres somptueux au-dessus de l’îlot sont un luxe qui en a valu la peine. Un simple carrelage métro habille le dosseret, mais la pose décalée lui apporte beaucoup de chic.

Karine s’est offert des armoires encastrées sur mesure — celles du bas sont peintes en Gris alpaga (HC-169) de Benjamin Moore —, une dépense de 24 600 $, mais le dosseret n’a coûté que 8,99 $ le pied carré. Les comptoirs en quartz présentent l’aspect veiné du marbre et sont plus faciles d’entretien. Pour adoucir le look, le bois de la hotte fait écho à celui des armoires.

Dans la salle à manger, les deux armoires à façade rompue qui flanquent la baie vitrée rappellent avec élégance l’histoire de la maison. Mélanie a fait construire des sections sur mesure au-dessus des armoires pour en accentuer le caractère architectural.

Avec ses pieds en cabriole, ce bureau noir est assez chic pour le séjour. Une chaise graphique en acier et une lampe vintage parachèvent le look.

Le rangement ouvert et fermé et la barre de séchage (sous l’étagère) sont stylés et pratiques. Pour un fini soigné, la laveuse et la sécheuse sont encastrées dans une armoire sur mesure.

Dans la salle de bain des enfants, le carrelage en ciment et le meuble-lavabo sur mesure apportent charme et rusticité. Un mur-galerie de photos bon marché ajoute de la personnalité.

Comme une baignoire de designer aurait grevé le budget de la salle de bain principale, un modèle d’exposition avec sa robinetterie s’est révélé un bon compromis.

Dans la salle de bain principale, la céramique de la douche a permis de réaliser d’importantes économies. Mélanie aime le look légèrement vieilli du motif. « Il était bon marché, mais n’en a pas l’air. L’imprimé est très réussi », dit-elle.

Karine souhaitait un fini en ciment vieilli sur le mur derrière le lit pour réchauffer la chambre principale, mais le projet s’est avéré trop onéreux et long à réaliser. À la place, la peinture grise met la chambre en valeur et se fond dans la tête de lit foncée tout en créant un léger contraste avec le lustre pâle. Des stores perforés sont dissimulés sous les cantonnières des fenêtres pour un look épuré.
Maxime Desbiens
Maison & Demeure juin 2017
Mélanie Cherrier