Dans notre chronique, Dossier artiste, la conseillère en art Diana Hamm de WK ART nous offre ses conseils pour intégrer la sculpture à notre décor.
Lorsque les gens commencent à acheter des œuvres d’art, c’est souvent pour répondre à un besoin, notamment pour décorer une nouvelle maison aux murs nus. Ainsi, les premiers acheteurs commencent souvent par des peintures, des photographies et des œuvres sur papier; en fait, ils cherchent à habiller les murs. Même si cela paraît logique, je crois que la sculpture est souvent sous-estimée dans les maisons. Même si elle peut paraître difficile à intégrer, en raison du prix et de la taille des pièces, il ne faut pas forcément se décourager! La bonne sculpture a le pouvoir de transformer un décor du tout au tout. Comme on peut l’admirer sous tous les angles, la sculpture trouve sa place dans toutes sortes d’endroits, contrairement à la peinture. Voyez la suite pour découvrir mes types de sculptures préférées et de formidables artistes canadiens.
Le mobile
Clements Design a installé un mobile d’Alexander Calder au-dessus d’une console décorée de masques africains. J’aime beaucoup la légèreté que cette disposition apporte à l’œuvre de Calder, qui peut ainsi exprimer toute sa grâce et sa fluidité de mouvement.
Contexte : Dans les années 1930, Alexander Calder a révolutionné la sculpture en créant le mobile. L’effet de surprise et de charme que produit le mobile, surtout dans une maison, demeure intéressant encore aujourd’hui. Le fait de suspendre un objet favorise le mouvement entre ses composantes et crée un effet apaisant et parfois hypnotisant. Les mobiles peuvent être installés dans un escalier, le coin d’une pièce ou au-dessus d’une table ou d’une méridienne pour un look théâtral efficace.
Photographe: Shade Degges
Designer: Clements Design
J’adore les œuvres d’une jeune artiste canadienne qui a choisi ce médium, Robin Cameron . Elle travaille avec des matériaux divers, du cuivre à la céramique, en passant par la vidéo et la lithographie. Elle a créé l’œuvre Mouvement VII (2019) pour une exposition à la galerie Susan Hobbs de Toronto en 2019. Cette exposition était dédiée au mobile, dans l’espoir qu’il favorise un changement de perception (en nous obligeant à regarder vers le haut). La nature même du mobile impose à celui qui le regarde de ralentir le pas et d’attendre – une œuvre d’art dans la maison qui nous invite à ralentir le rythme me paraît une idée de génie!
Robin Cameron vend ses œuvres par le biais de son studio de New York pendant qu’elle travaille à son exposition chez Franz Kaka à Toronto. Prix de ses mobiles : à partir de 2 500 $.
Photographe: Susan Hobbs Gallery
Source: Movement VII (2019) par Robin Cameron
La sculpture en tant que petit objet
La designer Kelly Bergin a choisi une céramique de Simone Fattal (sur les livres) pour ajouter de la couleur et de la profondeur à cette console. En mélangeant les textures, les matières et les formes, la console se transforme en point d’intérêt dans cette pièce.
Contexte : La meilleure façon de commencer à intégrer les sculptures consiste à acheter des petites pièces. Au lieu de choisir des objets de décoration produits à la chaîne, une petite sculpture sur une table ou une étagère peut créer un effet original et punché .
Photographe: Tim Williams
Designer: Kelly Bergin
Le travail de l’artiste montréalaise, Margot Klingender , par exemple, est une excellente option. Ses sculptures fantaisistes ressemblent à des dessins d’enfants en 2D et sont inspirés de sa formation initiale en peinture et en dessin. Elle se sert de matières fortes et masculines, comme le bronze et le cuir, et les combine à des thèmes plus féminins et à des lignes floues, ce qui fait ressortir le côté naïf de son travail et une dualité très intéressante.
Margot Klingender vend quelques-unes de ses œuvres par le truchement de Projet Pangée à Montréal. Prix de ses œuvres : à partir de 400 $.
Photographe: Projet Pangée
Source: Mini-fleurs (série) (2019) par Margot Klingender
Un autre artiste de Montréal crée de superbes petites sculptures, Trevor Baird . J’adore la forme de ses œuvres, qui évoquent des vases anciens, mais ce sont les motifs qui y figurent, inspirés de la culture de la bande dessinée, qui sont réellement fascinants. Trevor fait appel à des références culturelles et s’inspire d’images du quotidien. Ses céramiques sont une continuation des bandes dessinées qu’il produit, mais le processus est ici inversé : il « ouvre » ses images au lieu de les « fermer » une fois la dernière page de l’album tournée. Ce sont des œuvres magnifiques et intelligentes.
Trevor Baird présente également ses œuvres dans le cadre du Projet Pangée. Prix de ses œuvres : à partir de 800 $.
Photographe: Projet Pangée
Designer: Large Vase 08 (2019) par Trevor Baird.
Sculpture sur un socle ou comme pilier
J’aime la façon dont Grade New York a composé avec les matières et les hauteurs en installant ces deux sculptures. Le jeu des couleurs et du plâtre dans la pièce d’Annie Morris , Black Pigment, Stack 10, Cobalt Blue (2017) (en avant-plan) qui s’oppose à l’immense bronze de Rebecca Warren , Fascia IV (2010) (en arrière-plan) crée un contraste visuel intéressant.
Contexte : Le socle est la façon officielle de présenter une sculpture. Il ajoute de la hauteur et de la prestance à une œuvre, et peut servir à toutes sortes d’objets. La sculpture comme pilier (qui désigne les pièces longues et étroites) est une approche futée pour intégrer des œuvres d’art dans la maison. J’aime beaucoup l’idée de consacrer un espace à ces œuvres, car elles apportent une touche de sérieux au décor, même si elles sont de nature plaisante ou fantaisiste. Un coin, une fenêtre en saillie ou un espace qui divise deux pièces est l’endroit idéal pour installer ce type d’œuvre.
En ajoutant des textures, des hauteurs, des formes et des sujets différents, ce type de sculpture enrichit le décor. Il peut s’agir d’une œuvre sérieuse ou amusante, mais sa présence dans un endroit inattendu ou nu crée un effet de magie et suscite l’émerveillement.
Photographe: Richard Powers
Designer: Grade New York
Prenez par exemple l’œuvre de Douglas Coupland , qui explore les notions de culture pop et de société. Il réfléchit à la consommation et à l’environnement, et à ce qu’ils signifient pour nous. Stacking Studies (2011) sont des structures d’acier et de plastique lustrées qui montent vers le ciel et sont peintes de couleurs vives. Clin d’œil à notre obsession pour les objets à usage unique, son œuvre explore cette idée au lieu de la critiquer. Il semble chercher une solution avec nous et non contre nous.
Douglas Coupland est représenté par la galerie Daniel Faria à Toronto; les sculptures de cette série se vendent 12 000 $ chacune.
Photographe: Gracieuseté de Daniel Faria Gallery
Source: Stacking Studies (2011) par Douglas Coupland
An Te Liu est un autre artiste canadien qui exploite ce médium. Travaillant souvent le bronze, An prend des objets du quotidien (pièces d’automobile, boule disco, marchandise Hello Kitty) et s’imagine à quoi ils ressembleraient s’ils étaient pétrifiés et transportés dans un avenir lointain. J’aime le caractère majestueux de ses œuvres, inspirées du travail de Henry Moore et de Constantin Brancusi, même si ses sujets sont étranges et parfois amusants.
An Te Liu a exposé son œuvre à la Galerie Division à Montréal. Prix de ses œuvres : à partir de 5 000 $.
Photographe: Galerie Division
Source: Venus Redux (2018) par An Te Liu
Auteur: Diana Hamm. Traduit par Marie-Catherine Gagné.
Source: House & Home, septembre 2020