Boutiques
Pleins feux sur Keiran Brennan Hinton, peintre de l’intimité
Publié le 30 avril 2021

Dans notre chronique, Dossier d’artiste, la conseillère en art Diana Hamm de WK ART, nous fait découvrir un artiste qui a attiré son attention.
L’artiste : Keiran Brennan Hinton est né à Toronto. Il travaille à New York où il explore l’intimité par la peinture. Travaillant souvent à petite échelle, ses peintures sont comme des portraits dont serait absent le personnage principal! Il s’intéresse aux scènes d’intérieur et d’extérieur qui l’interpellent et donnent à celui qui regarde son œuvre l’impression de lire un journal intime
Son œuvre : J’ai déjà écrit sur la résurgence de l’art figuratif, une période de l’histoire de l’art qui refait surface en 2020 dans les portraits et les peintures illustrant des intérieurs au quotidien. Je crois que cela découle d’un désir de représenter quelque chose qui a du sens pour nous. Le travail de Keiran est un bel exemple de cette tendance : il crée des scènes narratives qui invitent le spectateur à s’attarder et à partager un moment d’intimité avec les personnes qui habitent les espaces de Keiran. « Pour moi, il est important de ralentir le rythme et d’être conscient de ce qui est devant moi, explique Keiran. Peindre la vie me permet de rétablir un lien avec moi-même et j’espère que ma peinture produit le même effet pour celui qui la regarde. Dans mon travail, je veux créer une image que les gens ont envie de regarder en prenant leur temps. »

Working from Home est un bel exemple de sa démarche. Cette petite œuvre oblige le spectateur à se rapprocher. Dans un premier temps, on voit la lumière qui traverse les grandes fenêtres, et d’autres détails nous apparaissent, évoquant un bureau à domicile, soit la table de cuisine qui fait aussi office de bureau. C’est quand on s’en approche que l’on découvre un pied qui se balance sous la table et les doigts suspendus au-dessus d’un ordinateur portatif – soudainement, cette peinture prend une tournure plus personnelle. Qui est cette personne? Quel est son lien avec l’artiste? L’atmosphère collective de ces œuvres permet à ceux qui les regardent de s’identifier avec ce qui est dépeint, d’où cette dimension personnelle, pour l’artiste comme pour le spectateur.
Il y a également un sentiment d’urgence dans cette peinture, car Keiran peint chaque œuvre en une seule séance. « J’ai compris que je devais peindre ces œuvres d’une seule traite afin de figer un moment qui passe, dit-il. Cette approche de la peinture m’enlève de la pression. En effet, certaines journées sont meilleures que d’autres, et c’est la même chose avec mes peintures – on ne peut pas revenir en arrière. »

Au début de la pandémie, Keiran est retourné à Toronto. Une de ses dernières séries représente le ciel nocturne, et chaque œuvre lui permet de distinguer chaque soirée ainsi immortalisée, ainsi que la nuit et le jour. La vie répétitive et isolée que nous vivons tous était un aspect dont il voulait se souvenir et cette série de peintures atteint cet objectif. Chaque soir, il peignait le ciel tel qu’il le voyait de son balcon. April 11 montre l’immobilité d’un endroit qui est généralement actif le jour et la nuit. À nouveau, la petite taille de ses toiles produit un immense effet, puisqu’on n’y voit qu’une petite section de la ville et de la nuit. Le décor demeure obscur, contribuant à en faire un moment et un souvenir intime. Pour Keiran, ce panorama est instantanément reconnaissable, puisqu’il a observé cette scène de jour et de nuit, au fil des semaines. Toutefois, pour le spectateur, c’est l’impression de solitude qui se dégage de la nuit et la beauté que l’on peut observer de chez soi qui sont nos points communs avec l’artiste.

Pour les collectionneurs : Keiran a exposé un peu partout et régulièrement depuis les sept dernières années. Il a été le premier participant à la James Castle House Residency, à Boise, en Idaho. Il a été finaliste du concours de peinture canadienne de la RBC et a terminé sa maîtrise en beaux-arts de l’Université Yale, qui est l’un des meilleurs programmes en Amérique du Nord. Ses toiles se vendent à partir de 1 900 $.

Où voir ses œuvres : Keiran Brennan Hinton est représenté par la Michael Gibson Gallery à London, en Ontario, la Galerie Nicolas Robert à Montréal, et la Galerie Thomas Fuchs à Stuttgart, en Allemagne. Il fera une exposition avec Thomas Fuchs en juillet, à la Charles Moffett Gallery à New York à l’automne et avec Nicolas Robert au printemps de 2021. Il participera également à une exposition collective au Musée des beaux-arts de l’Ontario.
Gracieuseté de Keiran Brennan Hinton (portrait)
House & Home, avril 2021