Visites guidées
Voyager comme un designer : Mikaël Mourgue à Londres
Publié le 19 octobre 2021

C’est la plus excentrique des métropoles de la mode. Et depuis quelques années, c’est aussi une destination déco incontournable, si l’on en croit le succès croissant du London Design Festival. Lancé en 2003, l’événement attire les professionnels du monde entier, tout en révélant le talent des jeunes créateurs anglais. Londres a toujours abrité une communauté créative dynamique; la prospérité de diverses dynasties aidant, les arts et la littérature ont pu s’y épanouir au fil des siècles.
Berceau de la révolution culturelle dans les années 1960, la Swinging City reste pour beaucoup la capitale mondiale de la culture anglophone. Des défilés de mode en passant par la musique, le théâtre et le cinéma, le style londonien est incomparable — décontracté et chic, rebelle et sophistiqué —, à l’image des vedettes British qui prennent d’assaut Hollywood. Ainsi, Tom Hardy a fait son entrée dans le Guinness des records mondiaux pour son rôle de Bane dans le blockbuster Dark Knight Rises.
London Calling
Et puis Londres occupe une place particulière dans mon cœur. C’est là que mes parents se sont rencontrés, lors d’un bal organisé par Notre Dame de France; là que vit une partie de notre famille; là aussi que j’ai fait mes premiers séjours à l’étranger… J’étais gamine quand j’ai découvert ce singulier mélange de décors surannés et de modes fantaisistes — en passant du charmant quartier de Sloane Square, où ma chère tante Esther habitait, aux boutiques punks de King’s Road, alors épicentre de la contre-culture.
Bien des créateurs francophones ont tenté l’aventure londonienne. Le directeur artistique et designer Mikaël Mourgue, lui, y a étudié le design visuel et la communication. Installé au Québec depuis 2006, ce Breton cosmopolite — qui n’est autre que le fils du célèbre designer français Olivier Mourgue — a connu un franc succès avec Toytoy, la collection de meubles en carton pour enfants qui se veut « ludique, écologique et économique ». De sa vie en Angleterre il garde d’excellents souvenirs. Mikaël nous raconte son Londres…
– Corinne Cécilia
Photo Visit Britain

Tom Hardy pose avec le certificat officiel qui atteste que Dark Knight Rises détient le titre actuel de meilleures recettes au box-office lors du week-end d’ouverture.

Corinne Cécilia : Qu’est-ce qui vous a incité à faire vos études supérieures à Londres?
Mikaël Mourgue : Dans les années 90, en France, seuls les Beaux-Arts offraient une bonne formation créative, mais très traditionnelle. Alors que Londres était à cette époque en mode multidisciplinaire et déjà à l’avant-garde des technologies numériques. La qualité des universités londoniennes et de leurs campus était inégalable!

CC : Pourquoi avoir choisi le Ravensbourne College of Design and Communication?
MM : Ravensbourne College est une université incroyable, issue du mouvement « Bauhaus » né en Allemagne dans les années 30. Cela se traduit par une architecture et un lieu d’étude extraordinaires. Nous avions accès aux équipements et aux formations professionnelles les plus avancés! Nous avions des professeurs passionnés et très actifs dans le monde du travail et de la création, des références internationales (Neville Brody, David Carson…)
CI-DESSUS: Design Museum & Blueprint Cafe, Butlers Wharf, London, London, England

CC : Avec le recul, que gardez-vous de cette expérience londonienne?
MM : Les meilleures années de ma vie! Créativité, liberté, rencontres, découvertes, passions…
La première année, j’étais au pair dans une famille d’artistes et donc logé et nourri. Leur atelier était vers Aldgate East, sur Brick Lane, un quartier incroyable! L’Inde, le marché aux puces, la Whitechapel Gallery…
CI-DESSUS: Brick Lane Road Sign, Whitechapel, London, London, England

CC : Où aimez-vous flâner pour vous relaxer à Londres?
MM : Le long de la Tamise, vers l’Embankment, et dans le parc Hampstead Heath.

CC : Où aimez-vous faire vos emplettes?
MM : À Camden Market. Il y a aussi le marché aux puces de Brick Lane le dimanche, et Greenwich Market. Portobello est aussi un marché génial avec son festival au printemps.
CI-DESSUS: Une boutique de vêtement à Camden market

CC : Avez-vous un endroit préféré?
MM : Oui, la Tate Gallery, un lieu incroyable consacré à l’art moderne. Ce bâtiment, qui était à l’origine une centrale électrique, a été réhabilité par les architectes Herzog & de Meuron. C’est à Bankside, Southwark, sur la rive droite de la Tamise.
CI-DESSUS: Le Tate Modern et le Millennium bridge

CC : Avez-vous une compagnie aérienne préférée?
MM : La nouvelle compagnie de Sir Richard Branson, Virgin Galactic!
Sinon, plus sérieusement, British Airways est une bonne compagnie avec de bons services de vol. Et je préfère toujours voler avec une compagnie du pays à destination : cela permet de s’intégrer dès le voyage à une nouvelle culture et à de nouvelles traditions.

Sortir à Londres : Grâce à Digital Theatre, vous pouvez désormais savourer la fine fleur des productions théâtrales britanniques… où que vous soyez. Basée à Londres, cette organisation vraiment unique filme puis distribue en ligne les spectacles acclamés produits en Grande-Bretagne, offrant ainsi aux internautes du monde entier un accès en direct au talent des dramaturges et des acteurs anglais. Le cofondateur, Robert Delamere, est connu pour ses projets multidisciplinaires, tel Shotgun, un atelier de théâtre-gym-salle de répétition qu’il codirige avec Tom Hardy, dont le dernier film, The Drop, a été lancé en première mondiale au Festival international du film de Toronto (TIFF) 2014. L’acteur-producteur a lui-même réalisé un documentaire poignant sur le braconnage en Afrique australe, Poaching Wars with Tom Hardy.

Plus près de chez nous : Appréciez le rayonnement mondial du designer français Olivier Mourgue grâce à la très populaire exposition itinérante Stanley Kubrick, qui sera présentée au TIFF Bell Lightbox du 31 octobre au 25 janvier 2015. Connu pour ses concepts futuristes — dont le fauteuil Djinn rendu célèbre par le film 2001 : l’odyssée de l’espace —, le créateur français a exploré diverses formes d’art et touché des publics internationaux. Grâce à cette exposition, les amateurs de cinéma et de déco découvriront comment le grand réalisateur se servait des décors d’un film pour renforcer le scénario : il utilisait constamment la couleur, le design et l’espace pour refléter l’humeur de ses personnages.

2001 : A Space Odyssey par Stanley Kubrick (1965–68; GB/United States). Lobby of the space station. © Warner Bros. Entertainment Inc.
Photo S.M. Tunli – tunliweb.no (image titre)
Reproduction de l'entrevue publiée le 11.09.2014 à l'origine.