Les espaces conçus par la designer de Toronto, Brenda Danso, nous donnent toujours un regain d’énergie. Des touches de couleurs vives en passant par les finis métalliques, cette créatrice n’a pas peur de prendre des risques quand vient le temps d’aménager un intérieur. Forte d’une maîtrise en travail social et de son expérience en santé mentale, Brenda crée des décors qui sont non seulement magnifiques, mais qui contribuent à améliorer le bien-être de ceux qui les occupent. Nous avons pris un moment avec la designer pour discuter de ce qui l’inspire, de l’avenir qu’elle entrevoit pour le design et de son dernier projet : former une communauté de designers canadiens noirs axée sur le soutien et l’entraide.
M&D : Comment décririez-vous votre style?
BD : « Vous constaterez que je suis à la croisée de l’esthétique contemporaine et moderne, avec des espaces qui dégagent toujours une impression de fraîcheur, clairs et aérés, avec des touches de couleur. Pour mon vestibule, j’ai décidé de jouer d’audace, car je veux susciter un effet d’étonnement. On a hâte de voir le reste! J’ai voulu que la pièce principale (ci-dessous) soit décontractée, j’ai donc opté pour des couleurs discrètes. C’est là que j’aime me détendre et créer. »
M&D : Comment expliqueriez-vous le lien entre le bien-être personnel et le design?
BD : « À la lumière de mon expérience en santé mentale, je crois que le design est une forme de thérapie. Je suis convaincue que ce que l’on ressent dans un espace a une incidence sur notre bien-être. J’aime établir des contacts plus profonds avec les gens. »
M&D : Quels sont les designers d’intérieur qui vous inspirent et pourquoi?
BD : « J’adore les intérieurs d’Ali Budd – une Canadienne! Elle utilise beaucoup le blanc et le noir dans ses décors. Ses espaces sont nets et modernes, mais elle porte aussi une grande attention aux détails. J’aime aussi Ablige Interiors Inc., car elle fait tout de manière indépendante; j’ai suivi son parcours avec un grand intérêt. Elle a un style similaire à celui d’Ali, très contemporain, avec des touches d’audace et des détails très soignés. J’admire sa force et sa motivation. »
M&D : Qu’est-ce que vous a inspiré à lancer Black Canadian Interior Designers?
BD : « Au départ, lorsque j’ai commencé ce métier, j’étais curieuse – je voulais savoir s’il y avait d’autres designers et décorateurs comme moi. En cherchant un peu, j’en ai trouvé quelques-uns au Canada, mais cette quête m’a menée vers le Black Interior Designers Network , aux États-Unis. J’ai voulu fonder notre propre section, mais récemment, avec le mouvement Black Lives Matter qui a repris de la vigueur et qui a relancé la conversation, j’ai senti l’urgence d’agir. Jusqu’à présent, j’ai rassemblé 20 designers, mais je sais qu’il y en a de nombreux autres. »
Designer: Micheal Lambie, Michelle Martel, Alicia Ruach, Crea Henry, Amanda Lwanga & Nike Onile
H&H : Pourquoi est-il si important de faire exister ces espaces?
BD : « Dans un premier temps, c’est une manière de soutenir les designers canadiens noirs en leur offrant une plateforme pour créer des environnements plus inclusifs. Le simple fait de savoir que vous n’êtes pas seul est rassurant – les expériences que vous avez vécues, d’autres comme vous les ont aussi vécues. Alors pourquoi ne pas se réunir et s’entraider? C’est également une façon de mettre en valeur la diversité de nos talents. »
H&H : Quels commentaires avez-vous reçus jusqu’à présent?
BD : « Très positifs. Je suis heureuse de voir une communauté des designers noirs se former tranquillement, car après avoir travaillé seule, je constate qu’il y a d’autres représentants de notre groupe dans le monde du design, mais je ne le savais tout simplement pas. Des liens plus étroits se sont formés et une grande affection unit les membres. Les stagiaires et de nouveaux diplômés de la communauté BIPOC (Noirs, Autochtones et gens de couleur) sont heureux car ils réalisent qu’il y a une foule d’autres designers comme eux. »
H&H : Quelles sont les prochaines étapes de ce réseau?
BD : « Ma partenaire d’affaires, Iman Stewart, et moi-même voulons commencer à encadrer des designers de la communauté BIPOC car nous constatons qu’il y a des besoins à combler à cet égard. Nous voulons entrer dans les écoles et parler du design comme domaine d’études. Alors que nous étions encore sur les bancs d’école, nous n’avions pas accès à cette information. Si nous pouvions simplement nous présenter, non pas comme des designers d’intérieur canadiens noirs, mais pour transmettre de l’information, je crois que cela serait une contribution très utile. Nous avons également élaboré un programme de mentorat en ligne pour les nouveaux designers. »
H&H : Qu’espérez-vous pour l’avenir du design?
BD : « L’avenir du design doit reposer sur la diversité, mais une diversité qui s’étend au-delà du monde occidental. Ainsi, quand on parlera de design africain, d’architecture africaine et d’afrofuturisme, les gens sauront de quoi nous parlons. Nous sommes si habitués de voir des designs eurocentriques que c’est à peu près tout ce que nous connaissons. Il y a des styles architecturaux magnifiques ailleurs dans le monde et c’est cela que nous devons faire découvrir aux gens. »
Cette entrevue a été résumée et révisée.
Auteur: Victoria Christie. Traduit par Marie-Catherine Gagné.
Photographe: Janelle Gokule Interior
Designer: Brenda Danso, BD Interior Design