Chambres
Photos : la rénovation d’une maison de 1780 au style « salt box »
Publié le 20 septembre 2016

« Il y a trois ans, mon mari et moi, raconte le directeur du musée Gardiner, Kelvin Browne, sommes tombés amoureux de cette lande de dunes, de pins rachitiques et de marais qui s’étend vers le nord dans l’Atlantique, à l’extrémité de Cape Cod. Cette première rencontre avec la région a eu lieu lors d’une visite chez des amis dont la résidence secondaire se trouve à Truro, petit village au sud de Provincetown, à l’extrémité du cap. Nous y sommes revenus un mois plus tard « juste pour voir ». C’est là que nous sommes tombés sous le charme d’une petite maison des années 1780 à Truro, que nous avons achetée sur-le-champ. Elle était en mauvais état, mais le terrain d’un demi-hectare donnait sur un étang et la rivière Pamet. En prime, il y avait des écuries transformées en maison de deux chambres avec un salon-cuisine, l’idéal pour les invités ou pour une location.
Nous avons aimé les rénovations de la résidence patrimoniale de nos amis, alors nous avons fait appel à leur architecte, Dan Costa, et à l’entrepreneur John Hopkins, ainsi qu’à Todd Westrick, un designer paysagiste local. Nous sommes heureux du résultat, surtout lorsque les voisins, qui habitent le quartier depuis longtemps et qui étaient un peu dubitatifs devant nos projets, nous complimentent sur la maison. »

Bâtie dans le style traditionnel « salt box », la demeure de 1780 possède une façade symétrique recouverte de bardeaux de cèdre qui grisonnent au fil des ans, ainsi que des fenêtres à guillotine doubles et une imposte. Les trois lucarnes du toit ont été ajoutées lors des rénovations pour éclairer les chambres de l’étage. La clôture et le paysagement tout en simplicité s’agencent aux lignes nettes de la maison.

Les hauts plafonds de la cuisine neuve contrastent avec les plafonds bas des autres pièces du rez-de-chaussée. Les comptoirs en inox et l’ardoise du plancher donnent un look contemporain qui s’agence bien aux lignes simples et traditionnelles des armoires et des deux parties de l’office : à gauche, le garde-manger et le réfrigérateur, à droite la vaisselle et le bar.

Le mobilier de salle à manger et le buffet danois en teck s’agencent parfaitement aux poutres du plafond. La table peut accueillir jusqu’à 12 personnes. Les stores en bambou confèrent un look rustique (ceux des chambres sont doublés pour bloquer la lumière). Comme les fenêtres donnent sur l’étang, Kelvin a opté pour des œuvres d’art sur le thème de la nature. Sur le buffet, on aperçoit des vases de métal provenant d’Inde et une lampe en céramique achetée à Wellfleet, une ville voisine. Certaines des lattes du plancher font plus de 45 cm de largeur, un signe d’opulence au XVIIIe siècle.

Né de la fusion de la pièce principale et de deux plus petites, le salon s’étend sur toute la largeur de la maison. Des éléments légendaires du design, comme l’éclairage d’Isamu Noguchi et de George Nelson ainsi qu’une table basse en verre et en métal par Warren Platner, créent un contraste étonnant avec la structure de bois rustique, que Kelvin Browne a laissée à découvert pour en exposer le charme austère. Un tapis ancien coloré acheté à Marrakech ajoute à la chaleur du décor.

Dans un coin du salon, des fauteuils Bertoia, l’un tapissé, l’autre avec son armature métallique exposée, sont jumelés à un canapé Chippendale du XVIIIe siècle en velours bleu, de la même époque que la maison.

L’étage a été complètement refait et isolé, mais conserve son magnifique plancher au bois patiné. Le toit en pente fait paraître la chambre principale plus grande qu’elle ne l’est réellement. Les lattes de bois ajoutent de la texture au décor, « ce qui évite qu’on se croie dans un pavillon de banlieue », dit Kelvin en riant. La tête de lit est une porte ancienne récupérée lors des rénovations.

Dans le bureau, le plafond de plâtre a été laissé intact pour cacher la plomberie. Avec ses murs et son plafond aux tons pâles, cette pièce exposée sud-ouest est la plus claire de la maison et repose les yeux de l’obscurité du bois des pièces voisines. Le canapé-lit permet de transformer ce bureau en troisième chambre, au besoin.

La maison des invités est une ancienne écurie transformée en habitation dans les années 1950. Il a fallu des jours pour débroussailler le terrain autour. À l’arrière de la maison coule la rivière Pamet, avec ses marais côtiers.
Virginia Macdonald
Maison & Demeure octobre 2015
Kelvin Browne; Dan Costa (architecte) ; Augustus Construction (entrepreneur).