Conseils déco
9 avril 2018
À l’intérieur du condo de Sonja Bata, la reine des chaussures

« De bien des façons, ma demeure est comme mon autobiographie, avait dit Sonja lorsqu’on l’avait rencontré pour notre numéro de septembre 2013. J’ai vécu une longue vie et voyagé partout dans le monde. Maintenant, mon appartement est rempli de trésors et ils me font tous sourire. » Après avoir vendu la grande maison où elle et son défunt mari, Thomas, ont élevé leur famille et ont habité pendant plus d’un demi-siècle, la fondatrice du musée Bata de la chaussure à Toronto est déménagée dans un appartement-terrasse lumineux dans un quartier convoité de la Ville-Reine. « J’étais très triste de quitter notre ancienne maison, surtout le merveilleux jardin et tous les oiseaux. Mais à la suite du décès de mon mari, j’ai décidé qu’il était temps d’aborder une nouvelle étape de ma vie », confie-t-elle, comme si entreprendre ce changement à 86 ans était aussi naturel que respirer.
Sonja est récemment décédée à l’âge de 91 ans, mais son style éclaté et ses nombreuses contributions aux monde du design ne seront jamais oubliés. « Un bon design est intemporel — il ne vieillit pas », nous avait-elle dit. Parcourez la galerie de photos pour voir le magnifique appartement-terrasse où cette femme inspirante a vécu ses dernières années.

Inspirée par son amour de l’architecture moderniste d’une autre maison — la ravissante demeure moderne des années 1960 de la famille Bata à Batawa, Ontario, dessinée à l’époque par le célèbre architecte canadien John B. Parkin —, Sonja a engagé l’architecte torontoise Heather Dubbeldam, de Dubbeldam Architecture + Design, pour l’aider à mettre en œuvre sa vision et infuser à sa nouvelle demeure un design ouvert, spacieux et informel. (Batawa fut fondé par la Bata Shoe Company dans les années 30 quand Thomas a réimplanté la compagnie à cet endroit.)

Dans l’entrée, une tapisserie d’Aubusson colorée de 1963 signée Dom Robert rappelle à Sonja les jardins de son ancienne maison. Suspendue sur des câbles métalliques, elle délimite ainsi l’espace.

« Plusieurs des détails de son nouvel appartement — comme les planchers de couleur pâle, la préférence pour le mobilier encastré, le mélange de blanc et de noyer et la répétition de motifs carrés — rappellent sa maison à Batawa, un vrai chef- d’œuvre », dit Dubbelman.

Recouverts d’un tissu neutre, le canapé vintage et la causeuse de l’ancienne maison de Sonja s’harmonisent bien avec l’ambiance minimaliste créée par la table basse ovale d’Eero Saarinen, un autre élément de son ancienne demeure.

Le jour du déménagement, rien n’a été laissé au hasard. « Elle avait une idée très précise d’où chaque chose devait être placée, dit Dubbeldam. Nous avons conçu divers espaces variés, des sections de murs et des ouvertures dans les armoires pour accommoder les œuvres d’art que madame Bata possédait. Placer tous les éléments fut un puzzle géant. »

L’armoire autoportante en noyer et laque blanche sépare le salon de la salle à manger, et ses caissons ouverts permettent à la lumière de s’infiltrer et maintiennent l’espace dégagé. La partie inférieure de l’armoire faite sur mesure dissimule le rangement. La nouvelle table épurée est parfaite avec les chaises en bois de rose faites sur mesure par Arne Jacobsen dans les années 60.

Les éléments flottants comme le buffet en bois de rose des années 60 par Arne Jacobsen dans la salle à manger rendent la pièce plus spacieuse. Les tankas tibétains apportent au décor couleur et spiritualité.

Un magnifique portrait de Sonja peint par le peintre italien Pietro Annigoni en 1963 occupe une place de choix dans la salle à manger.

Sonja a trouvé cette boîte en émail cloisonné lors d’un voyage au Japon.

Sonja a reçu cette sculpture de morse de Cape Dorset lorsqu’elle a pris sa retraite.

La cuisine est épurée et utilitaire. Les armoires s’élèvent jusqu’au plafond pour plus de rangement, et les portes vitrées mènent au balcon.

Le banc en chêne blanchi et la table ont été conçus sur mesure pour le coin-repas dans la cuisine. Sonja a fait agrandir cette jolie photo de famille prise à leur chalet de ski à Saint-Moritz, placée au-dessus du banc.

Dessinée par Dubbeldam pour ancrer l’esthétique sereine, la salle de bain en marbre est équipée d’une simple baignoire et d’une douche, ce qui accentue la belle vue.

Dans la chambre d’amis, la tête de lit en bois de rose conçue sur mesure dans les années 60 unifie visuellement les lits à une place. Présentée sur deux murs, une collection d’œuvres graphiques des années 70 par des artistes inuits de Cape Dorset, encadrées identiquement, enveloppe la pièce de chaleur et texture.
Virginia Macdonald
Maison & Demure septembre 2013
Heather Dubbeldam